Montage d'une formation Développement Local - Droits Humains à Anaphora
Un cursus de formation diplômant pour former des "bâtisseurs de paix" en ÉgypteContexte du projet Anaphora
Le « Printemps Arabe » a mis en lumière une aspiration forte du peuple Égyptien à (re)devenir maître de son destin et des nombreuses initiatives qui ont commencé à émerger au niveau local. La nécessité est apparue d’accompagner les évolutions en termes de démocratie, d’accès aux droits, de dialogue, de développement économique et social, ou encore de protection de l’environnement ; autant d’évolutions voulues par ces sociétés.
Dans ce contexte, le centre Anaphora en Égypte a été créé en 2000 par Anba Thomas, évêque copte orthodoxe du diocèse d’Al Qusiyah et Mir en Haute Égypte, préoccupé depuis longtemps par l’éducation des populations en général et des femmes en particulier. L’évêque a mesuré l’importance de ces aspirations et lors d’une visite à l’UCLy il a trouvé le soutien nécessaire à la réalisation de son projet. Après avoir rencontré les équipes de l’IDHL et du Ciedel, une offre de formation a été élaborée afin de renforcer les capacités des acteurs de développement et de paix.
En savoir plus sur le centre en écoutant une émission sur RCF
Le projet : une formation pour les praticiens de terrain qui articule développement local et droits humains
Suite à 3 missions exploratoires et de nombreux échanges à distance, le Ciedel et l’IDHL ont co-construit un parcours de formation composé de 17 modules répartis sur 22 semaines. L’ensemble de l’ingénierie de formation a été imaginée par les deux instituts, qui ont aussi assuré les cours sur place pour le lancement de la formation.
La formation est pluridisciplinaire et met en travail le lien entre développement local et droits humains :
- Le « développement local » promeut des dynamiques au niveau des territoires dans les secteurs économique et social, rural et urbain, public et privé à travers le monde, offrant des possibilités d’application pratique pour la mise en œuvre des droits humains au service de la communauté ;
- L’approche « droits humains » positionne les actions de développement local dans un prolongement éthique et renforce leur impact en les inscrivant dans un cadre juridique.
Cette complémentarité correspond aux orientations des programmes développés par l’ONU, inscrivant ainsi la formation dans une perspective internationale. Par ailleurs, la formation a obtenu la validation de l’Université Catholique de Lyon, sous la forme d’un Diplôme Universitaire (DU).
Premiers résultats du projet
- La première formation a eu lieu en 2012. Depuis, plus d’une centaine de participants ont suivi le parcours de formation.
- Les profils des professionnels en formation ont évolué au fil des différentes promotions ; de plus en plus de femmes participent (plus de la moitié sur la dernière), les professions se diversifient (leaders locaux, travailleurs sociaux, personnels d’associations / ONG locales…), et des professionnels laïcs venant par exemple du Caire et de Haute Égypte s’engagent dans la formation.
- 15 personnes issues des 3 premières promotions ont été formées et accompagnées pour devenir formateurs sur place, afin de transférer progressivement les compétences en Égypte.
Les premiers effets de la formation commencent à se faire sentir : les personnes issues des premières formation ont commencé à entreprendre de nouveaux projets en Égypte : soutien aux jeunes filles en difficulté, travail avec des enfants, insertion sociale et professionnelle des jeunes, soutien aux personnes âgées, aux personnes en situation de handicap, etc. Cela permet d’apporter une amélioration aux populations défavorisées des communautés (villes et villages) locales de différentes régions d’Egypte, d’où sont issus les participants à la formation.
Que reste-t-il à faire ?
Aujourd’hui, le Ciedel et l’IDHL sont encore impliqués à Anaphora à plusieurs niveaux :
- 7 modules de 4 jours assurés tout au long de l’année par l’IDHL (les modules donnés par le Ciedel ont tous été transférés à des formateurs locaux) ;
- Le Ciedel envisage de mener une étude d’impact de la formation. Les premiers étudiants ont fini leur cursus il y a 5 ans et il est envisageable de commencer à étudier les effets de la formation, voire son impact ;
- Pour assurer la pérennité de la formation, l’élaboration d’un plan de communication permettant à l’équipe locale de diffuser et faire connaitre à un public plus large l’existence de cette formation semble désormais nécessaire. A l’heure actuelle la formation a surtout touché des personnes du réseau proche d’Anaphora.
Toutefois, l’enjeu majeur est aujourd’hui de réussir à mobiliser les fonds nécessaires pour mener à terme l’ensemble de la démarche et sa pérennisation. Le partenaire égyptien était parvenu à mobiliser les financements nécessaires à la mise en œuvre de la formation pour les deux premières promotions, mais les crises successives – politiques, économiques, sociales, touristiques – qu’a traversé le pays ces dernières années ont raréfié les ressources, à tel point qu’un soutien extérieur semble nécessaire pour permettre une phase de transition et de développement.