Résultats de la recherche-action pour autour des risques de l’exploitation artisanale de l’or

Depuis mars 2017, le CIEDEL et Eau Vive Burkina Faso se sont engagées dans une recherche-action pour trouver des alternatives à l’utilisation du mercure et du cyanure dans l’extraction d’or artisanal, dans le cadre de leur appui à la coopération décentralisée du Grand Reims avec les communes de la province du Ganzourgou (Burkina Faso). La recherche-action a été menée avec l’ARM (Alliance pour une Mine Responsable). Les premiers résultats publiés pilote ont jeté des bases pour la définition d’un modèle d’accompagnement de l’artisanat minier pour sa formalisation et la réduction des impacts négatifs générés.

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Une recherche-action importante au vu des enjeux économiques mais aussi des effets négatifs de l’exploitation artisanale de l’or

Depuis plusieurs décennies, l’exploitation aurifère artisanale s’est fortement développée au Burkina Faso et notamment dans le périmètre urbain de Zorgho dans la province du Ganzourgou, où se trouvent des ateliers de traitement du minerai faisant usage de produits toxiques tels que le mercure, cyanure, acide sulfurique et nitrique. Elle procure aujourd’hui une activité à de très nombreux ménages.

L’équipe municipale de Zorgho, qui a été la première à s’inquiéter de l’impact de ces ateliers artisanaux, a validé l’importance de la réalisation d’une étude sur les alternatives aux procédés actuels au cours de réunions de travail sur les perspectives de la coopération décentralisée avec les partenaires de Reims Métropole et les opérateurs de la mise en place de cette coopération décentralisée, le Centre International d’Études pour le Développement Local (CIEDEL) et l’Association Eau Vive.

La recherche-action : de la recherche vers une expérimentation de plusieurs alternatives crédibles par les acteurs locaux

Sur la base de la phase d’étude initiale, l’équipe de projet a proposé plusieurs axes d’orientations techniques : le test en conditions variables de concentrateurs centrifuges (de type Goldkacha) pour améliorer l’efficacité de la concentration en lieu et place des rampes de lavages ; le remplacement de l’amalgame au mercure par des additifs présents sur le marché (dans ce cas le Goldfix) ; l’utilisation des concentrateurs centrifuges pour la dépollution des sols souillés au mercure ; l’étude de préfaisabilité pour la cyanuration contrôlée des rejets de gravimétrie.

Une fois ces axes approuvés, la phase d’expérimentation a pu commencer avec une mission de lancement réalisée en mars 2018. L’expérimentation a ainsi eu cours jusqu’au mois de novembre 2018 avec des périodes de tests effectives et d’autres d’interruptions, et avec plus ou moins de réussite selon les groupements ayant participé. L’équipe de projet a conduit plusieurs missions de suivi tout au long, durant lesquelles ont pu être observées les avancées mais aussi les défis à relever. Finalement, une visite d’évaluation a eu lieu, qui a permis de valider les résultats et de comprendre les limites de cette expérimentation, tel que décrits dans la section suivante.

Résultats : les bases sont jetées pour l’accompagnement de la filière qui doit aujourd’hui faire l’objet d’une approche plus intégrée et d’un accompagnement de moyen terme

Cette recherche-action pilote a connu des résultats positifs. Elle était cependant limitée sur sa portée. Aussi, des inconnues restent encore à combler pour assurer que l’approche garantisse une adoption définitive vers un système de traitement sans mercure qui soit pérenne.

Les essais ont montré qu’il était possible d’avoir une méthode gravimétrique efficiente, et qui attire les artisans miniers par sa rapidité et sa meilleure récupération. Cependant, les artisans miniers ont évoqué trois limites principales : 1) les dépenses de fonctionnement relativement élevées, 2) la difficulté à réaliser la séparation finale une fois le concentré récupéré, pour obtenir de l’or pur, 3) le problème persistant des rejets qui possèdent encore de l’or mais qui ne devraient plus être cyanurés selon les méthodes actuelles.

Partant de là, la première recommandation dans le cadre d’une capitalisation des résultats de cette recherche-action serait de développer une approche qui intègre tout le processus de traitement du minerai, depuis la compréhension des caractéristiques du minerai extrait influençant le traitement jusqu’à l’obtention finale de l’or pur.

Globalement, la recherche-action pilote a jeté de très bonnes bases pour la définition d’un modèle  d’accompagnement de l’artisanat minier pour sa formalisation et la réduction des impacts négatifs générés. En revanche, la mise en œuvre d’un projet de plus long terme et avec une approche encore plus intégrée permettra de garantir la génération de changements pérennes sources d’un impact concret. Il s’agit de donner une continuité à l’accompagnement déjà réalisé, à étendre sa portée, et surtout à assurer une présence dans le temps, de plusieurs années, l’artisanat minier étant un secteur aux réalités très complexes et diverses. Par ailleurs, seul un engagement effectif des autorités en faveur de la formalisation de l’artisanat minier sera en mesure de garantir la pose des fondations nécessaires à ce changement progressif.

Note : les quelques résultats présentés ci-dessus sont décrits plus en détail dans le résumé exécutif de la recherche

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