Le programme de recherche internationalisation des villes et des territoires s'intéresse aux enjeux, dynamiques et perspectives du rôle des collectivités territoriales à l'international

Internationalisation des villes et des territoires : quelles suites pour la recherche ?

Entre janvier 2016 et décembre 2017 le CIEDEL a coordonné un processus de recherche sur l’internationalisation des villes et des territoires. Retour sur ce processus de recherche participatif qui a contribué à mettre le thème de l’internationalisation à l’agenda des collectivités territoriales, et sur ses suites.

Le CIEDEL et la coopération décentralisée

Depuis sa création, le CIEDEL s’est toujours positionné comme un médiateur : médiateur entre la recherche et l’action, entre les disciplines, entre les décideurs et les acteurs de terrain. Ce positionnement a amené l’équipe du CIEDEL à prendre l’option du développement local et à soutenir les processus de décentralisation, d’intercommunalité et les relations de coopération décentralisée entre collectivités territoriales de différents pays. A l’époque on ne parlait pas encore du spectre plus large de l’internationalisation.

C’est – entre autre – ce positionnement qui a amené à la création de RESACOOP comme dispositif d’appui aux acteurs de la coopération, en particulier les collectivités territoriales. La création de RESACOOP faisait d’ailleurs suite à un colloque sur les nouveaux acteurs de la coopération, en région Rhône-Alpes (désormais Auvergne-Rhône-Alpes).

Pourquoi avoir lancé fin 2016 une recherche qui questionne l’action extérieure des collectivités territoriales ?

La crise financière de 2008 puis les élections municipales du printemps 2014 ont constitué deux coups d’arrêts pour les coopérations décentralisées en France. Comme d’autres, le CIEDEL a développé l’intuition qu’un changement irréversible dans la nature des relations internationales des collectivités territoriales françaises était en train de se jouer. Et qu’il fallait l’accompagner au mieux pour permettre aux techniciens et élus d’évoluer avec leur métier.

Pour comprendre cette évolution qui touche directement une partie importante du public et des partenaires du CIEDEL, il était nécessaire de lancer un travail de recherche.

Plusieurs espaces de dialogue pour permettre l’implication, et la diffusion des résultats, à un public mixte

Pour pouvoir lancer ce travail, le CIEDEL a mis en place des partenariats à plusieurs niveaux :

  • Une convention de recherche avec CUF (Cités Unies France), ce qui permettait notamment d’assurer le lien avec les collectivités territoriales, dont les professionnels sont les premiers concernées par l’évolution du rôle international de leur structure ;
  • Un séminaire de recherche mensuel ouvert à des acteurs diversifiés (praticiens, chercheurs, et équipe du CIEDEL) qui a été placé sous la responsabilité de M. Yves Viltard, chercheur associé au CESSP de Paris 1 ;
  • Un comité de pilotage de la recherche multi-acteur (AFD, CESSP, RAURA, Métropole de Lyon, IEP de Lyon, CIEDEL).

Plusieurs temps forts ont rythmé l’ensemble du processus de recherche : une vingtaine de séminaires mensuels, trois ateliers de recherche réunissant chacun une quarantaine de praticiens, politiques et chercheurs et un colloque en décembre 2017 qui a réuni sur deux jours plus de 200 participants.

Les modalités d’implication à plusieurs niveaux ont facilité le croisement entre chercheurs, décideurs, et praticiens. En les mobilisant autour de contenus brefs, synthétiques et centrés sur quelques problématiques, la recherche a gagné en légitimité et a contribué à mettre l’international à l’agenda de la recherche sur les territoires et les collectivités territoriales.

Une recherche qui éclaire une transformation structurelle de l’Action Extérieure des Collectivités Territoriales

La recherche a permis de réunir plus d’une vingtaine de contributions dont une partie ont été publiées par la Revue Internationale d’Etudes sur le Développement (publiée par Paris I), dont les autres ont été largement diffusées et de produire un document de large diffusion donnant à voir les idées forces sorties du processus de recherche.

Au terme du processus de recherche, il apparait très clairement un double mouvement :

  • Un irrésistible mouvement d’internationalisation des collectivités territoriales

Les collectivités territoriales sont toutes concernées par des dynamiques, des processus des flux internationaux et ne peuvent plus se penser en dehors de ceux-ci. Mouvements de population, circulation des modèles de politiques publiques, flux commerciaux, relations de jumelage ou de coopération, tourisme, spectacles… chacune et toutes les collectivités s’internationalisent. Certaines le subissent, d’autres l’agissent.

  • Un repli de la coopération décentralisée

Parallèlement, ce qu’il était jusque-là convenu d’appeler la coopération décentralisée au développement se contracte. Elle ne représente aujourd’hui que l’une des formes de l’action extérieure des collectivités territoriales, que l’une des formes de l’internationalisation des collectivités et des territoires.

Ce double mouvement est symptomatique d’un changement de référentiel des décideurs politiques, des élus locaux qui passent d’une logique de tisser des liens à une logique de jeter des ponts, d’une logique de solidarité à une logique d’attractivité (ou pour le moins de rééquilibrage entre solidarité et attractivité).

Cette évolution se fait alors que tant au niveau national qu’international un consensus se crée pour dire que les grands enjeux planétaires de ce siècle (paix, sécurité, développement, climat, migration, emploi des jeunes…) ne pourront être relevés que par l’implication active des collectivités territoriales. Une action conjointe et solidaire de celles-ci, pourrait permettre à toutes les collectivités de s’impliquer, quelle que soit leur taille et leurs ressources.

Et la suite : de la recherche à la contribution à la définition de politiques publiques ?

C’est dans ce sens que la recherche va continuer, toujours dans un cadre conventionnel avec Cités Unies France. Sous l’égide d’un comité de pilotage élargi, l’un des objectifs sera d’identifier, dans la perspectives des élections locales françaises de 2020 et 2021, comment les élus et leurs services de saisissent de la question de l’internationalisation en vue de leur projet politique à soumettre aux électeurs. Cette nouvelle recherche vise à déboucher sur un colloque avant les élections de 2020 pour contribuer à mettre à l’agenda local la problématique de l’internationalisation.

Il reste aussi à voir comment il serait possible d’installer dans la durée un dispositif qui permette de suivre et d’analyser les évolutions de l’internationalisation des villes et des territoires, tant depuis la France que depuis les autres pays.

En savoir plus : problématique et résultats attendu pour la phase 2